Motivations : La Tunisie libre ambitionne, plus que jamais, d’accélérer sa convergence avec les pays développés en conjuguant intelligemment des facteurs multiples afin d’innover et ainsi accroître les retombés économiques et sociales.
A cet effet, la Tunisie a consenti, depuis l’indépendance, des efforts
soutenus pour ériger et organiser son Système National d’Innovation[1]
(SNI), et ainsi jeter les jalons fondamentaux de la Société du Savoir.
Cet instrument stratégique et structurant a pour fonction de stimuler la chaîne
d’innovation nationale et d’assurer une synergie entre le savoir, le savoir-faire
et la société, en mettant les connaissances au service du développement
économique et le bien-être du citoyen.
Toutefois, le processus complexe et onéreux de la restructuration de
l’environnement économique, dont le SNI est une composante principale, limite
sensiblement les marges de manœuvre du pays pour la résorption du chômage,
et en particulier celui des diplômés du supérieur. La cause
principale derrière cette situation insatisfaisante est l’incapacité
de l’industrie tunisienne d’absorber ce gisement de main-d’œuvre et
d’ingénieurs jeunes et qualifiés et ce, malgré un programme de mise à niveau
industriel. C’est pour cette raison qu’il y a urgence à susciter de nouvelles
pratiques stratégiques et institutionnelles.
Afin de répondre à ces nouvelles exigences compréhensives et pour
engendrer des innovations plus rapidement que le passé, le pays est incontestablement
appelé à relever le défi de se donner les moyens qui associent plus étroitement
que présentement la recherche et les contextes d’utilisation de ses résultats
en intégrant adroitement compétitivité industrielle dans les technologies de
pointe, emplois à haute valeur ajouté et qualité de vie.
Proposition : Le programme pilote TunisiaSat1423
aspire à répondre aux exigences multidimensionnelles et compréhensives évoquées
précédemment. En effet, ce projet pilote propose la conception, l’intégration,
le test et le lancement d’un Microsatellite à un coût négligeable
(Low Cost), de faible masse et aux performances élevées. Le présent projet
pilote est appelé à intégrer trois processus interdépendants et
complémentaires : (i) la formation des compétences et le transfert
des connaissances, (ii) la recherche et l’innovation, et enfin (iii) la création
de PME dans le domaine de la technologie spatiale. En d’autres termes,
démontrer, via ce projet pilote, qu’il est possible de dynamiser le SNI en
pilotant ses composantes multiples de façon à « faire système ».
De surcroît, sur les plans leadership politique et visibilité
scientifique et technologique, le programme pilote TunisiaSat1423
devrait être un début de réaction à la ruée spatiale de nos voisins
magrébins, de certains pays africains et de plusieurs économies émergentes. En
effet, la Tunisie est aujourd’hui devancée par des pays qui possèdent au minimum
une expérience de microsatellite de télédétection comme
l’Algérie, l’Egypte, la Libye, et le Maroc, eux-mêmes distancés par une poignée
de pays africains comme l’Afrique du Sud et le Nigeria.
Le cas de
l’Algérie : Depuis peu, l’Algérie fait appel aux technologies spatiales pour
répondre aux besoins liés à son développement économique. Le pivot du programme
spatiale algérien est l’ASAL (Agence Spatiale Algérienne), créée le 1er
Janvier 2002. Ses objectifs principaux sont la sécurité et le bien-être du
pays. L’Algérie s’apprête à lancer son deuxième système de microsatellite,
Alsat-2 (constitué d’Alsat-2A et d’Alsat-2B). Ce dernier transmettra des images
de haute qualité utiles pour la cartographie, la foresterie, la gestion des
ressources agricoles et des catastrophes naturelles, la localisation des
minéraux et de pétrole ainsi que pour la surveillance des nuées de criquets.
Alsat-2 fait partie du programme spatial algérien 2006-2020 avec un budget
d’environ US$ 1,3 Milliard.
L’Algérie est aussi associée, dans le cadre de la mission
internationale DMC (Disaster Monitoring Constellation), à
quatre autres satellites respectivement britannique, chinois, nigérien,
et turc. De plus, l’Algérie étudie avec la ligue arabe
l’initiative ASEO (Arab Satellites for Earth Observation) qui comprendrait
trois microsatellites à haute résolution (2,5 m).
Résultats : Le projet proposé est parfaitement
réalisable et certainement rentable. De plus, il est
doublement avantageux dans le sens que parallèlement aux objectifs visés, la
réussite, même partielle du projet, aurait des retombées collatérales positives
de très grande importance :
La raison d’être
de la proposition : La
finalité de ce projet pilote n’est rien d’autre que l’amorçage du SNI,
moteur de la « Société du Savoir », et ceci à travers (i)
la formation des compétences et le transfert des connaissances, (ii)
la recherche et l’innovation, et enfin (iii) la création de PME
dans le domaine de la technologie spatiale gourmande en main-d’œuvre
hautement qualifiée.
Effectivement, la solution préconisée est l’Accumulation Intégrée des Capabilités par
le biais d’un projet pilote concret de transfert et de maîtrise de technologies
avancées dans le domaine spatial, notamment les télécommunications. En
résumé, ce projet vise à la conception, l’intégration et le lancement de TunisiaSat21,
un microsatellite d’observation de la Terre à un coût négligeable. Les résultats
recherchés sont :
1) L’accélération du rattrapage technologique,
2) La stimulation de l’économie, et
3) La création d’emplois high-tech.
Ce programme favorisera certainement l’émergence de spin-offs capable
de fournir des services spécialisés et sophistiqués à l’image des deux entreprises
belges, Amos (55 travailleurs hautement qualifiés et un chiffre d’affaires de
6,5 millions d’euros) et Spacebel (90 personnes et un chiffre d’affaire de 6,3
millions d’euros).
La cerise sur le
gâteau : Il est agréablement
important de noter, dans le cadre de cette proposition, que parallèlement
à l’apprentissage, la recherche dans les domaines de gestion et de pilotage des
programmes d’innovation complexes, en d’autres termes, la maîtrise de la
« Technologie Sociale », les retombées collatérales positives potentielles
sont édifiantes :
- L’intégration de la Tunisie dans le club des pays maîtrisant les technologies spatiales,
- La consolidation de la visibilité scientifique et technologique de la Tunisie, et
- Un jalon du quinquennat du défi, marque du leadership politique de la Tunisie dans son espace géopolitique.
Tableau
récapitulatif :
Accumulation
Intégrée des Capabilités
|
||||
Réalisation
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Coût
|
Durée
|
Cadre
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Objectifs
|
TunisiaSat1423
|
15 à 30 Millions DT
|
3 à 4 années
|
Ecole doctorale
et/ou réseau de recherche, et/ou …
|
Dynamiser le SNI,
et créer des emplois high-tech, …
|
Remarques
|
Gros
satellites :
~ 500 Millions DT.
|
Il est possible de
limiter la durée à 3 ans.
|
Institutions
publiques et privées : universités, centres de recherche, partenaires
étrangers, ...
|
Visibilité
scientifique
et technologique, leadership
politique,
|
[1] Selon l’OCDE (Organisation de coopération et développement
économiques), un système d’innovation est un réseau d’institutions publiques et
privées qui par leurs activités et leurs interactions créent, accumulent et
transfèrent des connaissances, des compétences et des objets qui sont à
l’origine de technologies nouvelles. Ces institutions sont des entreprises, des
universités, des organismes de recherche publique, des associations
professionnelles ou scientifiques, des organismes publics ou parapubliques ou
encore des organismes de la propriété intellectuelle.
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